La permaculture : une éthique de la culture pour sauver la nature… et l’homme
En cette période de crise du Covid-19, de nombreuses voix s’élèvent en faveur d’une vie plus simple, moins guidée par le besoin de consommer, et plus proche de la nature. Un nouveau paradigme auquel répond l’ensemble des techniques de permaculture. Mais au fait, la permaculture, qu’est-ce que c’est, et à quoi sert-elle ? Dans un monde de plus en plus menacé par l’action de l’homme sur son environnement, nous avons jugé nécessaire de répondre aux questions des internautes sur ce mode de culture enfin respectueux de la planète… à l’image de cette paysannerie de jadis, bien loin d’être arriérée.
Culture + permanent = permaculture
Le concept de permaculture est loin d’être neuf. On le voit apparaître pour la première fois au début du XXe siècle, sous le nom de culture permanente. Mais c’est seulement en 1978 que Bill Mollison et David Holmgren, les fondateurs de la théorie, utilisent le terme « permaculture » dans leur ouvrage Permaculture One.
Ainsi, derrière la notion de permaculture, on trouve toutes les idées et les techniques conduisant l’homme à vivre en harmonie avec la nature. Il ne s’agit pas seulement de méthodes de jardinage bio : travailler la terre selon les préceptes de la permaculture, c’est entrer en résonance avec elle, respecter ses rythmes et ses besoins. Sans chercher à en retirer un profit déraisonnable.
Car il ne s’agit pas seulement de diversifier les plantations ou de supprimer les pesticides. La permaculture définit non seulement une façon de cultiver la terre, mais aussi de penser l’habitat humain dans son environnement.
La permaculture, ou la décroissance sans souffrance
Selon Bill Mollison, « la permaculture est une démarche de conception éthique visant à construire des habitats humains durables en imitant le fonctionnement de la nature ». Ce qui ne signifie pas renoncer à tout confort au nom d’une doctrine écologique. La permaculture est fréquemment victime d’idées reçues. On associe le concept à la néo-bobo-écologie, aux communautés autonomes au fin fond du Vercors, et à un « babacoolisme » rejetant sans concession les apports du XXIe siècle.
En réalité, il s’agit surtout de vivre en bonne intelligence avec la nature. Et le mot « intelligence » prend ici tout son poids. À Thoiras, dans le Gard, on apprend les fondements de la permaculture avec trois passionnés. Tom, Simon et Charlotte n’ont de cesse de dégoupiller les fausses croyances autour de la permaculture. En montrant comment tailler les arbres fruitiers ou créer des buttes de jardinage, mais aussi en assurant une formation passionnante en « design » d’espace. L’idée ? Trouver la meilleure façon d’exploiter un espace naturel, sans violence, mais en économisant au maximum l’énergie. Y compris celle du jardinier !
Comme le résume Tom : « La permaculture, c’est une démarche, une philosophie. Le but est de prendre soin de la nature, des Hommes et de partager équitablement. »
Les principes de la permaculture concernent ainsi tous les domaines de la vie humaine. De la production de nourriture à la construction de l’habitat, le développement de technologies… ou le fonctionnement de notre monde économique. Un rêve digne d’Avatar et de ses pacifiques Na’vis.
Idéalisme et rentabilité
Une idée battue en brèche, notamment par l’INRA. L’Institut national de la recherche agronomique a démontré en 2016 qu’une exploitation de taille modeste (1000 m² seulement) pouvait dégager un revenu mensuel net compris entre 900 et 1570 €. Tout en suivant les préceptes de la permaculture.
Les chercheurs ne cessent de démontrer les bienfaits de ce type d’agriculture. La polyculture, notamment, offrirait un meilleur rendement que nos exploitations intensives en monoculture. La recherche de la biodiversité en agriculture n’est donc pas seulement une idée noble. C’est un système qui fonctionne !
La permaculture, une révolution urbaine silencieuse
D’aucuns pourraient penser que la permaculture concerne avant tout le milieu des agriculteurs. Toutefois, si une révolution permaculturelle s’impose dans nos campagnes pour mettre fin à l’extinction des espèces animales et végétales et la pollution de nos ressources naturelles, le concept a de quoi prendre racine place dans nos villes.
D’abord, à l’image de la petite ville de Totnes en Angleterre, en valorisant l’économie locale. Vivre selon les principes de la permaculture, c’est aussi mettre fin à notre dépendance au pétrole. Il faut donc revoir ses modes de consommation en privilégiant tout ce qui est produit près de chez soi. On valorise dans cette logique toutes les entreprises locales, et notamment les initiatives écologiques.
C’est aussi en ville que l’on peut renouer avec le plaisir du produire sain et du jardiner ensemble. Les espaces naturels communautaires permettent aux habitants de récolter fruits et légumes gratuits, garantis bio. À Montpellier, l’Oasis Citadine a réussi à fonder une ferme urbaine collaborative qui apprend aux citadins à renouer avec la terre. On y crée aussi du lien par le biais de cours de yoga ou au fil de rencontres dans le café associatif. Toutes initiatives en total accord avec les enseignements de la permaculture, puisque celle-ci prône le retour au vivre ensemble, dans le respect des modes de vie de chacun.