Culture en milieu urbain : de nouveaux modèles à conjuguer au présent et au futur
Potagers bio à l’entrée des villes, exploitations hors-sol dans les tours, jardins partagés en bord de route… La culture en milieu urbain ne cesse de se développer et d’expérimenter de nouvelles formes. Avec l’aquaponie, l’hydroponie, l’agriculture verticale ou la permaculture, les terrains d’essais se multiplient. Avec un objectif : pourvoir efficacement aux besoins des villes de demain, tout en développant des modes de production durables, dès aujourd’hui. Quels sont ces grands modèles d’agriculture urbaine, et quelle place peut occuper votre entreprise dans ce projet environnemental ?
L’agriculture urbaine : une histoire ressuscitée
Les agriculteurs dans les campagnes, les commerçants et les employés de bureau, en ville. Une division avec laquelle nous avons grandi, et qui appartient pourtant à une histoire relativement récente.
En remontant quelques siècles en arrière, on découvre en effet une toute autre réalité. Des cultivateurs des champs pour nourrir la campagne, et des paysans des villes… pour approvisionner la cité ! Les durées de transport plus importantes, ainsi que l’absence de techniques efficaces de conservation sur une longue durée des denrées alimentaires, favorisaient en effet cette répartition. Mieux encore : c’est la présence d’exploitations agricoles autour, et même à l’intérieur des murs de la ville qui permettait son expansion. Ses habitants étaient alors directement approvisionnés en légumes, viandes et poissons frais. Ainsi éloignait-on le spectre de la famine tout en participant au rayonnement de la cité.
Ce n’est qu’au cours du XXe siècle que les espaces agricoles ont peu à peu déserté l’espace urbain, notamment avec le développement des transports et de l’industrie agroalimentaire. La mondialisation des échanges a permis de faire voyager des produits exotiques et lointains, tandis que dans les pays industrialisés, la surproduction alimentaire s’est installée.
La culture en milieu urbain : un éveil collectif
On n’invente donc rien en proposant de développer la culture en milieu urbain. L’innovation viendrait plutôt des nouveaux défis auxquels se confronter. La croissance constante de la population des villes, l’enjeu climatique actuel, la préservation de la biodiversité et d’une alimentation saine pour tous.
Les cultivateurs traditionnels ne sont plus les seuls acteurs sur qui compter dans ce contexte. Collectivités locales, associations, entreprises endossent de mieux en mieux leur responsabilité environnementale. Résultat : les jardins d’entreprise fleurissent. Les associations sont de plus en plus nombreuses à proposer des projets d’ateliers de sensibilisation à la permaculture. La ville met à disposition de ses habitants des jardins partagés.
L’agriculture urbaine devient l’affaire de tous, donne naissance à de vastes études commanditées par les collectivités urbaines. Mettre en place de nouvelles solutions pour nourrir les citadins de demain devient un dossier majeur pour les élus locaux. En région parisienne, l’initiative Parisculteur a notamment mobilisé agriculteurs, jardiniers, entrepreneurs et start-ups autour de projets de végétalisation concernant 5,8 hectares. Les idées proposées ont ainsi donné lieu à la production de 1240 tonnes de denrées alimentaires variées… Voire surprenantes, à l’instar du safran ou du houblon !
Agriculture urbaine, agriculture verticale… : nourrir les villes autrement
Et justement, cette agriculture de demain, à quoi ressemble-t-elle ? Les nouveaux modes de culture urbaine ont notamment intégré la problématique d’espace disponible et de surpopulation. Comment assurer une production pérenne dans une cité de plus en plus étendue et de plus en plus polluée ?
- Une réponse possible est venue du microbiologiste américain Dickson Despommier, inventeur du concept d’agriculture verticale. Installer les cultures en hauteur et à la verticale, plutôt qu’en pleine terre et à l’horizontale, pourrait être l’un des moyens de subvenir aux besoins de milliards d’êtres humains.
- La cité œuvre également à réhabiliter ses friches et ses zones désaffectées pour les transformer en fermes expérimentales. Les toits sont reconvertis en ruchers pour la fabrication de miel bio. Aux portes de la ville de Lyon, des exploitations d’un genre nouveau sont en train de voir le jour. Agriculture bio, polyculture intégrée circulaire en hors-sol, hydroponie et aquaponie… Autant de façons d’optimiser au maximum les surfaces exploitables et les ressources.
Dans ce contexte d’innovation, la logique de proximité entre production, transformation, commercialisation des produits et consommation est favorisée. Les plantes se nourrissent de substrats et de solutions nutritives produites sur place, avant d’être récoltées, transportées et mises en vente dans un rayon très réduit. Les circuits courts portés par les AMAP, drives fermiers et autres coopératives bio sont valorisés.
Culture en milieu urbain : l’avenir de l’agriculture bio ?
Si les scandales du glyphosate et du Roundup ne cessent de remettre en cause les modèles d’agriculture intensive traditionnelle, la classe paysanne peine encore à amorcer un tournant définitif vers l’agriculture biologique et durable. Le vent du changement pourrait bien souffler des villes, dont les habitants plus largement sensibilisés aux problématiques de santé prennent désormais fermement en main leur mode d’alimentation. La renaissance des jardins ouvriers, et la végétalisation des lieux de travail, en sont quelques exemples encourageants et inspirants.
L’agriculture urbaine concernerait aujourd’hui une communauté de plus de 800 millions de personnes. Leur objectif ? Participer activement à la « résilience des villes » face au défi climatique. La culture en milieu urbain se veut productrice d’une alimentation saine et non toxique, porteuse d’une véritable vision pour l’avenir. Au sein de laquelle on trouve notamment la protection de la biodiversité, la valorisation des déchets, ou encore la préservation des ressources énergétiques et naturelles…